Michel Leclair est né à Montréal, en 1948. Après avoir obtenu son diplôme de l’École des beaux-arts de Montréal, en 1971, il décide de poursuivre ses recherches esthétiques à l’atelier Graff, haut lieu de création pour les artistes de la photographie, de la sérigraphie, de la gravure et de l’imprimerie. L’artiste s’intéresse d’abord à la gravure/sérigraphie et participe à des expositions emblématiques dont Art à vendre (1974) et GRAFF DINNER (1978). Aussi, il réalise dix sérigraphies pour illustrer un texte de Michel Tremblay, Chez Fada, du nom d’un bar du boulevard Saint-Laurent. Son association avec l’auteur et l’exploration des thèmes qui lui sont chers – le monde ouvrier, la vie nocturne, l’univers des bars et des tavernes – valent à Michel Leclair le surnom de «Michel Tremblay de la gravure».
Maître de l’illusion
Dans les années 1980, Michel Leclair choisit la photographie comme principal moyen d’expression. Au début, il photographie des paysages urbains, murs délabrés de bâtiments, enseignes publicitaires, vitrines de magasins, et les reconstruit à partir de photomontages ou d’assemblages fictionnels. Proche du courant artistique de l’époque, Pop-art, il s’en éloigne pourtant car il définit son art comme social ; il ne magnifie pas les objets du quotidien mais cherche plutôt à explorer la réalité avec poésie et espièglerie.
Depuis la fin des années 1990, ses paysages sont des compositions réalisées à partir de photographies de la nature, captant l’hiver comme nul autre. Dans des œuvres, la neige recouvre le sol, la glace s’accroche aux brindilles des arbres, le givre dessine d’étranges paysages aux fenêtres. Michel Leclair construit ses paysages à partir de clichés photographiques qu’il découpe, colle et rassemble dans des mosaïques qui rappellent les tests de Rorschach ou se déploient avec la grâce de l’ikebana japonais. Ses œuvres sont des paysages fabriqués de toute pièce, Michel Leclair est passé maître dans l’art de l’illusion.
Michel Leclair a présenté ses œuvres dans une centaine d’expositions, et son talent lui a valu de recevoir une dizaine de bourses des gouvernements du Québec et du Canada. Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées.
Ce qu’ils ont dit de lui…
Bernard Lévy, journaliste et directeur de la revue Vie des Arts : «… Qui des deux, de la photo ou de la peinture, dit la vérité. Vain projet. L’artiste surmonte l’impasse à laquelle conduirait un affrontement image-lumière / image-matière en proposant le mariage de l’information photographique et de l’imagination picturale. De cette cohabitation résultent des images inattendues.»
Françoise Belu, artiste multidisciplinaire : « Michel Leclair ne peint pas de paysages, il peint des détails du paysage. À vrai dire, Michel Leclair ne peint pas non plus d’après photo. Il peint sur des photos, comme un moine copiste qui recopierait sur la même feuille ce qui est déjà écrit. »
Sources
BELU, Françoise, «D’après photo », Vie des arts, no. 237, printemps 2014, p. 70-71.
LÉVY, Bernard, «La transfiguration de la photo en peinture», Vie des arts, no. 222, printemps 2011, p. 61-63.
Notes biographiques sur les sites suivants : michel-leclair.com; mbsl.qc.ca