Le terme «repentir» est familièrement utilisé pour exprimer un remords et véhiculer une valeur morale de haut niveau. Pourtant, en histoire de l’art, le même terme exprime plutôt un geste de liberté, un privilège d’artiste.
Les «repentirs» sont apparus au XVe siècle, avec l’utilisation de l’huile comme technique de peinture. Grâce à ce nouveau matériau, le peintre peut revenir à son tableau après un temps d’arrêt, et s’accorder le droit d’en modifier des éléments importants pour des raisons esthétiques ou iconographiques. Avant l’huile, les artistes utilisaient la tempera, un mélange de pigments et d’oeufs qui n’offre pas la souplesse de l’huile pour les retouches.
Certains «repentirs» sont visibles à l’oeil nu, mais la plupart n’ont été révélés que récemment grâce aux rayons X utilisés pour scruter les chefs-d’oeuvres du patrimoine. Sous les nombreuses couches de peinture et les craquelures qui sont apparues au fil du temps, les radiographies ont révélé des modifications majeures sur la composition de certains tableaux, soit pour masquer des objets, changer l’attitude des personnages ou pour en faire apparaître des nouveaux. De plus, ces «repentirs» fournissent des informations précieuses pour comprendre le travail des artistes qui ont exercé ce droit, leur tempérament, leur souci du détail, l’importance qu’ils accordent à la cohérence de leur oeuvre.
Repentir, regret ou repeint ?
Si le «repentir» est un geste délibéré du peintre sur son tableau, il se distingue du «regret» qui, lui, exprime un sentiment d’impuissance face à l’issue d’une oeuvre et du «repeint» qui désigne plutôt le remaniement d’une oeuvre effectué sur commande. Par exemple, des peintures religieuses du Moyen Âge ont été remaniées à la Renaissance pour cacher le décolleté de la Vierge Marie, rajouter un personnage ou repeindre un espace.