2/2. Je vous propose deux articles sur le «street art/art urbain».
Si vous êtes curieux.se, intrigué.e par le «street art», je vous invite à découvrir quelques oeuvres de la boutique de Go Art associées à cette pratique, notamment celles de Zïlon et Ded Posh. Plus largement, je souhaite vous fournir des clés pour identifier et apprécier les signatures, tags et graffitis, que vous voyez apparaître régulièrement dans les rues et sur les trottoirs, sous les ponts et les viaducs, dans le métro et les abribus.
Dans cet article : Imaginons le futur de cette pratique artistique née dans les années 1960. Comment les réseaux sociaux ont-ils propulsé cet art et dans quelles prouesses poussent-ils maintenant les artistes à s’engager ? A une époque de consommation de masse, se profile-t-il une économie de l’art urbain basée sur le tourisme culturel ?
L’art urbain à l’ère du numérique : L’arrivée du numérique a eu pour effet de propulser l’art urbain vers de nouvelles esthétiques, de faciliter sa diffusion à grande échelle et surtout, d’institutionnaliser la pratique.
Il y a moins de 20 ans, les fanzines constituaient la principale source de diffusion des oeuvres de l’art urbain. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pris la relève, plusieurs graffiteurs ont même leur propre site et des applications pour créer des jeux, des concours et donner à voir leurs murales en réalité augmentée. A titre d’exemple, Invaders a créé plus de 4000 avatars pixellisés répartis dans une soixantaine de pays; il invite le public à les repérer, formule adaptée de la chasse aux trésors. D’autres créent des oeuvres dans des endroits inusités et improbables qu’on ne peut repérer qu’en utilisant des drones – des cavernes, des toits, des pics montagneux. On parle de plus en plus de «screen art» en référant à la diffusion des dessins et des tags sur les écrans et à leur libre circulation dans le cyberespace.
L’art urbain et le marché de l’art: Populaire et recherché, l’art urbain est un phénomène social et artistique qui donne lieu à l’éclosion d’un nouveau type de marché, «l’économie de l’art urbain». Combien de festivals sont nés pour célébrer le «street art» ? Combien de villes programment des visites guidées de leurs murales pour attirer les touristes ? Combien de collections de vêtements ou d’articles de sport reprennent des dessins des graffiteurs les plus connus ? Et c’est sans compter le marché de l’art traditionnel qui monétise certaines oeuvres, en les retirant parfois de l’espace où elles ont été créées, sans l’autorisation des artistes.
Quelques oeuvres font timidement leur entrée dans les musées. Il appartient aux historiens de l’art d’analyser l’évolution du mouvement, d’apprécier les oeuvres et leurs auteurs et peut-être, d’accorder un statut à ce qui ressemble de plus en plus à une révolution dans le monde de l’art.
Avant la reconnaissance, le nettoyage : Des artistes ont photographié les graffitis et les murales avant leur effacement, ce qui fait de leur travail une oeuvre documentaire appréciée. Il en est ainsi de l’artiste Michel Leclair qui, dans les années 1970-1980, s’est imposé sur la scène artistique québécoise en défendant le concept de musée à ciel ouvert. Sa façon de photographier un mur ou une vitrine et de magnifier la composition des objets, l’assortiment des couleurs et des formes, nous donne à voir un paysage inattendu, et nous suggère de jeter un autre regard sur la société.
Lors d’un voyage à New-York, l’artiste est impressionné par les nombreux graffitis qui habitent l’espace public, une expression artistique qu’on ne connaît pas encore à Montréal. Il prend des photos, en fait des sérigraphies. En voici quelques-unes.