L’art en temps de confinement – 3

L’art en temps de confinement – 3

De Johanne Gaudet, directrice de la galerie Go Art| 2020-07-02T14:00:24-05:00 25 juin 2020|Art et société|

NDLR: Cet article a d’abord été publié le 13 mai 2020. Cinq (5) artistes de Go Art ont répondu à mon appel de partager leurs états d’âme et les conditions dans lesquelles ils /elles pratiquaient leur métier pendant la pandémie. Leurs témoignages sont toujours d’actualité mais le déconfinement leur ouvre la porte à de nouvelles explorations. Ici, je vous informe que l’artiste Carole Arbic a repris du service avec une énergie décuplée ! Elle travaille notamment sur deux (2) murales de ruelle dont l’une mesure 35 pieds de long et l’autre, une commande privée,  est conçue comme un immense tableau à colorier par les membres d’une même famille. Le dessin étant devenu sa pratique par excellence, Carole partagera sa passion avec les membres de Go Art, dès cet automne.

En ce temps de pandémie et de confinement, je ressens plus que jamais l’importance des arts et de la culture pour donner du sens aux chamboulements que nous expérimentons. Je conçois que les artistes ne sont pas des devins mais je suis convaincue que leurs mots, leurs coups de crayon, leur musique sont des clés pour déverrouiller les portes de l’inconnu et nous donner accès à la lumière.

En m’inspirant du Questionnaire de Proust, un jeu d’humeur et d’esprit popularisé par l’écrivain français Marcel Proust, j’ai composé une série de questions que j’ai soumises aux artistes de Go Art. Ils et elles ont accepté d’y répondre pour partager avec vous, de façon ludique, leurs états d’âme sur les grandeurs et les misères de cette période de vie peu ordinaire. Je les remercie pour leur enthousiasme à partager et je vous invite à répondre vous aussi aux questions et à y jouer avec les gens de votre entourage.

(Note : Marcel Proust est considéré comme le romancier du confinement ! )

Autoportrait en forme de coronoportrait :  Carole Arbic

Où es-tu Carole, que fais-tu ? J’ai installé un petit atelier de confinée dans mon salon où,  la plupart du temps,  je me surprends à perdre mon temps et à laisser mon esprit vagabonder. J’écoute beaucoup de musique pour me stimuler, ça me donne parfois envie de danser mon corps comme je fais danser mon crayon sur le papier. Et je dessine, noir sur blanc, des dessins à colorier ! D’ailleurs, j’en ai partagé quelques-uns avec mes amis. Ça, c’est l’aspect de la création que j’apprécie, partager avec les autres un peu de mon imagination, un peu de merveilleux !  J’ai aussi travaillé à réaliser mon autoportrait dans le cadre de l’encan Moi M’aime, une activité annuelle pour le financement du Centre d’apprentissage parallèle, le CAP. Puisque je l’ai réalisé pendant le confinement, je l’ai appelé mon «coronoportrait». L’encan se déroule en ligne, plutôt qu’au MBAM, du 5 au 19 mai. 

Le confinement a-t-il un impact sur ton travail ? J’avais une belle programmation pour le printemps, une expo à l’étranger, une expo avec Go Art, la Virée des artistes, une toute nouvelle production pour l’automne dont j’avais entamé des esquisses… Tous annulés pour cause de pandémie et de confinement ! Il y a des jours difficiles où,  paralysée par l’incertitude face à l’avenir, je ne trouve pas la motivation pour créer. Quand la vie sociale va-t-elle reprendre?  Dans 1 mois ou dans 1 an ? Là où j’ai mon atelier, les couloirs sont déserts et il n’y a pas d’artistes au rendez-vous de nos échanges quotidiens… Les contacts avec les amis, les artistes, le public me manquent.  Je suis en manque de chaleur humaine, j’ai commandé des câlins mais ils sont en rupture de stock!

En attendant, je vous offre un extrait du texte qui accompagne mon autoportrait et que j’ai intitulé Printemps intouchable.

Carole Arbic

Photoportrait, Carole Arbic, 2020

Printemps intouchable (extrait)

faire son portrait
faire la paix
un rendez-vous avec soi
comme un rêve en papier de soie
déchiré et flou
cherchant son tout
visage coupé, visage caché
surpris
derrière un printemps
intouchable
en éclat
écume et cumulus instable
flottant entre les lignes
tout de travers
au gré des vents
contraires

L’art en temps de confinement : questionnaire

1.Quel mot décrit le mieux ton état (physique /psychologique) depuis le début du confinement? Mélancolie

2.Quelle qualité possèdes-tu pour survivre au confinement ? Indépendance et imagination

3. À part les services de santé, nomme un service essentiel pour les artistes?  La communication et, pour moi, la musique

4.Quelle couleur aimes-tu associer au confinement? Gris

5.Quelle forme associes-tu au coronavirus ? Goutte

6.Quelle fable ou maxime (ou proverbe ou déclaration) te procure la motivation qu’il faut pour créer?  Imagination means nothing without doing (Charlie Chaplin)

7.Quelle oeuvre du patrimoine mondial reflète le mieux la période que nous traversons? Le temple de la  Sagrada Familia

8.Quel est le titre d’une oeuvre que tu as créée pendant la pandémie ? Printemps intouchable

9. Quel mot décrit le mieux ta foi à l’égard des arts et de la culture, dans la société? 

Rêve

Mot de Carole aux lectrices et aux lecteurs : Peindre est un acte solitaire; en tant qu’artiste, je suis confinée dans ma création et j’invente des mondes imaginaires. J’aime croire que mes oeuvres vous font rêver et qu’en regardant mon travail vous prenez le temps de vous promener dans les espaces que je construis. L’art a pour but de surprendre, d’émerveiller et aussi d’apaiser et on en a tous et toutes bien besoin en ces moments d’inquiétude.