La parité en art : un pari et un défi

La parité en art : un pari et un défi

De Johanne Gaudet, directrice de la galerie Go Art| 2022-11-02T22:26:03-05:00 26 septembre 2022|Actualités Go Art|

J’ai publié, en 2019, un article concernant l’invisibilité des femmes dans le milieu des arts visuels, Qui parle d’elles ? J’en profitais pour vous présenter AWARE, une association française fondée en 2014 et dont l’ambition était de réécrire l’histoire de l’art de manière paritaire. AWARE – Archives of Women Artists, Research and Exhibitions – voulait replacer les artistes femmes dans la sphère publique, susciter l’intérêt pour leurs oeuvres et les faire connaître. C’était à la fois un pari et un défi. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Nul doute que le travail d’AWARE a fait des gains, ici et partout à l’international.  Le bilan de l’association est emballant: grâce à des formations ciblées, une nouvelle génération d’historiennes et d’historiens de l’art sont sensibles à la problématique de l’invisibilité des femmes en art; à mesure que l’association établit des recensions et fournit de la documentation, la représentativité des femmes artistes gagne du terrain dans les biennales, lors de tables rondes et de journées d’études; au cours des dernières années, les expositions mettant de l’avant des femmes artistes se multiplient.

Le Québec aussi bat au rythme de cette mouvance. Je pense à des journées d’études consacrées à des femmes artistes (ex: Irène Withome), à des recherches sur leur production (ex: Louise Robert), à de nombreux lieux d’exposition qui leur sont ouverts. Voyez les propositions de Caroline Monnet, Julie Latour, Yayoi Kusama, Niap, et les prochaines inscrites à l’horaire de l’automne.

Image tirée du film Kusama : Infinity. Heather Lenz, 2018

A voir: Le Centre Phi présente jusqu’au 15 janvier 2023, une exposition sur les oeuvres de Yayoi Kusama, une artiste considérée comme l’une des figures incontournables de l’art contemporain. On peut aussi visionner un documentaire sur l’artiste: Kusama: Infinity. La gratuité est offerte juqu’au 30 septembre 20222.

Ikwewak (Femmes), Caroline Monnet. Expo WWP, 2022

A voir: Deux magnifiques expositions photographiques au Marché Bonsecours jusqu’au 30 septembre, en même temps que l’exposition internationale World Press Photo.

L’une, intitulée Ikwewak, est réalisée par l’artiste d’origine anishinaabe, Caroline Monnet. Elle donne à voir des portraits de femmes des Premières Nations, mises en scène dans des poses et des costumes qui magnifient leur fierté et leur élégance, un pied de nez au regard biaisé que l’on porte sur la représentation des femmes des Premières Nations et sur leurs traditions.

L’autre exposition intitulée Claire, 107 ans, est réalisée par la reporter Justine Latour, un projet photographique qui a d’abord donné lieu à Vivre cent ans, un livre publié aux éditions Marchand de feuilles en 2018, et qui rend hommage à une dizaine de femmes centenaires, pleines de vie et de vitalité.

Claire, 107 ans. Justine Latour, 2018. ExpoWPP, 2022

En ligne, une vidéo : Lors de sa résidence au Musée McCord, l’artiste Niap (Nancy Saunders) a découvert des objets et des vêtements d’une beauté exquise, confectionnés par ses ancêtres Inuit avec une grande finesse d’exécution. Difficile d’imaginer tant d’ingéniosité et de créativité de la part de ses ancêtres soumises à une vie rude dans un environnement hostile. L’expo Piqutiapiit a le souci de partager les savoir-faire des femmes inuit en même temps que leur talent artistique.

Piqutiapiit, Niap, Musée McCord, 2022