Les couleurs appartiennent-elles au domaine public ? Pas toutes, comme la couleur bleu Klein par exemple, qui a été brevetée en 1960 et porte le nom de son inventeur, l’artiste français Yves Klein (1928-1962).
L’artiste, réputé pour ses monochromes et particulièrement obsédé par le bleu outremer, veut trouver un liant qui pourrait donner plus de profondeur à cette couleur. Il faut savoir que la composition chimique d’un pigment crée une couleur mais que celle-ci peut varier selon qu’elle est utilisée avec de la peinture sèche ou de la peinture humide, avec de l’acrylique ou de l’huile. Klein s’associe donc à un jeune chimiste et marchand de couleurs, Édouard Adam, pour effectuer ses recherches.
Eureka ! En mai 1960, Yves Klein dépose une demande de brevet pour son invention appelée IKB (International Klein Blue), laquelle décrit le liant qui fixe la couleur bleu outremer. Plusieurs experts et historiens de l’art considèrent que cette invention est d’abord et avant tout un acte artistique, une idée créative doublée d’une recherche technologique car, au nom du bien commun, nul ne peut s’approprier de la couleur bleue.
Depuis, dans le monde du commerce et du marketing, le dépôt d’une couleur en tant que marque est devenu monnaie courante. L’analyse des demandes évalue le respect de l’intérêt général en regard des droits de propriété industrielle et de nombreuses règles ont été établies par la jurisprudence. La classification PANTONE, par exemple, est la plus souvent utilisée pour ce type de dépôt et quelques grandes marques ont obtenu la propriété d’une couleur, notamment le chocolat Milka, la société Hermès, la bouteille de champagne Veuve Clicquot-Ponsardin.