Qui aurait pu prédire qu’une invention du XVIIIe siècle ouvrirait la voie au marché de l’art moderne? Il s’agit de l’invention du catalogue raisonné, considéré comme un outil scientifique de grande érudition, qui permet d’établir l’authenticité d’une oeuvre et par là, sa valeur marchande.
L’invention du catalogue raisonné est attribuée au marchand d’art parisien Edme-François Gersaint (1664-1750). Celui-ci cherchait un moyen d’améliorer ses pratiques commerciales car, pour fixer la valeur marchande d’une oeuvre, il devait pouvoir identifier les oeuvres originales parmi les copies et les contrefaçons en circulation. La solution ? Cataloguer de façon exhaustive la production d’un artiste, l’authenticité de ses oeuvres et leur histoire. C’est ainsi qu’est apparue l’importance des questions d’attribution autant que le jugement esthétique pour fixer la valeur d’une oeuvre. Ces critères combinant la tradition du notariat et de l’érudition prévalent toujours, trois cents ans plus tard, dans le marché de l’art.
Le catalogue raisonné aujourd’hui ? Il est de pratique courante que les artistes en arts visuels comptent sur des catalogues de leurs expositions et des portfolios pour promouvoir leur travail et leur démarche artistique, mais bien peu bénéficient d’un véritable catalogue raisonné parce qu’il exige un long travail de recherche et d’érudition. Au Québec, on compte moins de dix artistes qui jouissent d’un catalogue raisonné imprimé et seulement deux d’un catalogue électronique : Paul-Émile Borduas (1905-1960) et Jean-Paul Riopelle (1923-2002).