Lanceur d’alerte, modus operandi

Lanceur d’alerte, modus operandi

De Johanne Gaudet, directrice de la galerie Go Art| 2023-07-03T13:40:08-05:00 1 février 2023|Actualités|

Un lanceur d’alerte pour sauver le patrimoine ? Voici l’histoire de Jean-Philippe Riopel, citoyen du quartier chinois, muséologue et collectionneur invétéré !

Pendant la pandémie, alors qu’il effectuait des travaux d’aménagement dans sa cour, rue De la Gauchetière, Jean-Philippe Riopel découvre à sa grande surprise des centaines d’objets pour le moins inusités : des vestiges d’anciennes fondations enfouies dans le sol, des accessoires de couture, des fioles médicales de l’ancien hôpital chinois de Montréal et même un vieux revolver de type British Bulldog.

Conscient de la valeur patrimoniale de ces objets, Jean-Philippe alerte les médias qui partagent ses informations et le soutiennent; il lance alors une pétition pour la préservation de ce patrimoine jusque-là inconnu et, avec des experts en histoire, en histoire de l’art et en muséologie, il fonde «Objets de mémoire – Groupe d’action muséologique».

Ce lanceur d’alerte et ses supporters peuvent-ils convaincre les élus, les gens d’affaires et les citoyens de la valeur patrimoniale des bâtiments de ce quartier et de l’intérêt d’y effectuer des fouilles archéologiques ?

Un lanceur d’alerte pour la sauvegarde du patrimoime Le Quartier chinois de Montréal constitue un témoin privilégié du développement du faubourg Saint-Laurent dans la première moitié du 19e siècle. Or, plusieurs édifices du quartier ont récemment été acquis par une entreprise de développement immobilier qui menace non seulement l’intégrité historique du quartier, ses activités industrielles et commerciales mais également la vie des habitants qui y ont vécu et dont on retrouve la trace dans des bâtiments qui ont été des écoles, des églises, un hôpital.

 

Objets de mémoire-Groupe d'action muséologique

Objets de mémoire – Groupe d’action muséologique. Photomontage : Bernard Vallée, 2022

Zone d’intérêt archéologique à fort potentiel Depuis janvier 2022, le ministère de la Culture et des Communications du Québec, en collaboration avec la Ville de Montréal, a finalement annoncé un avis d’intention de classement patrimonial pour le site du Noyau-Institutionnel-du-Quartier-Chinois ainsi que pour les édifices de l’ancienne British and Canadian School et de l’ancienne manufacture S. Davis and Sons. Le lanceur d’alerte va plus loin et plaide pour que la zone soit déclarée d’intérêt archéologique à fort potentiel et que des travaux de recherche y soient effectués.

Des objets de mémoire Jusqu’à ce jour, en s’appuyant sur la complicité du propriétaire de l’entreprise Wings, Jean-Philippe Riopel a rassemblé quelque 1 000 objets présentant un intérêt patrimonial, notamment des photos de la communauté chinoise de Montréal, des archives, des échantillons de produits de la compagnies Wings et d’autres entreprises, un théâtre de marionnettes, un jukebox de l’ancien Lotus café, et même la base d’une pagode commandée en 1967 pour souligner le centenaire de la Confédération canadienne. Les experts  en muséologie regroupés dans l’OBNL «Objets de mémoire-Groupe d’action muséologique», s’engagent à documenter cette collection d’objets et à produire un catalogue. L’organisme promet également de mener des projets de recherche pour raconter l’histoire du Quartier chinois de Montréal et inciter le gouvernement du Québec à accorder le statut patrimonial à plusieurs bâtiments historiques du quartier.

Le lanceur d’alerte Jean-Philippe Riopel a reçu, en décembre dernier, la Médaille de l’Assemblée nationale pour son engagement dans la défense et la sauvegarde du patrimoine bâti du Quartier chinois de Montréal.

Dernière heure! On apprend que l’organisme «Objets de mémoire – Groupe d’action muséologique» a obtenu une subvention de la Ville de Montréal pour entreprendre le travail de documentation de la collection Wings.

NDLR: Nous avons rédigé cet article à partir des propos et témoignages des personnes impliquées dans «Objets de mémoire-Groupe d’action muséologique», et en puisant des extraits d’un article de Claude Gauvreau, publié le 26 janvier 2023, dans Actualités UQAM.