Vivian Gottheim est née à Sao Paulo, au Brésil, où elle fréquente, très jeune, la célèbre Biennale internationale d’art qui s’y tient. Cet univers où se côtoient création et innovation a tout pour la séduire et c’est sans surprise qu’elle entreprend des études en arts visuels au Brésil d’abord, puis à New-York pour des études à la maîtrise et au doctorat en arts. En 1983, Vivian Gottheim débarque au Québec et s’y installe définitivement en 1985. Elle partage son temps entre la création et l’enseignement, toujours en quête de nouveaux savoirs et de nouveaux outils pour réaliser ses projets artistiques.
Des influences ? Vivian Gottheim précise qu’elle a des modèles plutôt que des maîtres : ils sont poètes, philosophes, musiciens et peintres; ils sont japonais, italiens ou allemands. Cette approche de l’art « sous influence » est tout à fait brésilienne, largement inspirée par les artistes du Mouvement Anthropophage qui ont marqué sa jeunesse et inspiré ses premières années de création dont plusieurs expositions font état, notamment Re-lecture d’oeuvres des grands maîtres en 1989, et Fantaisie et vanité en 1992, toutes les deux présentées à la galerie Estampe Plus à Québec.
Depuis 20 ans, Vivian Gottheim a résolument choisi d’explorer le monde par le truchement des symboles culturels et environnementaux que produit la société : les emblèmes, les signes, les codes. Elle le fait avec outrance puisque ces produits se déclinent en de multiples combinaisons, engendrant une énergie vitale vers une approche critique de ce monde dans lequel on évolue. Elle crée toujours ces symboles avec fantaisie et poésie, en passant d’un médium à l’autre pour satisfaire sa recherche créatrice : dessin, peinture, photographie, vidéo. Les oeuvres qui en résultent la classe-t-elle parmi les artistes de la figuration ou de l’abstraction ? Allez savoir, ce qui compte vraiment pour Vivian, c’est l’émotion, l’expérience de celui/celle qui regarde l’oeuvre et vit avec elle. D’ailleurs, ses oeuvres passent plusieurs années en gestation. Elle peut élaborer une oeuvre pendant 10 ans; elle rajoute des couches de graphite pour créer des textures; elle joue avec les trames lumineuses pour faire jaillir la brillance qu’elle recherche; elle multiplie les points de vue pour que l’illusion soit au rendez-vous. Et puis, une oeuvre n’est jamais tout à fait achevée puisqu’elle continue à vivre chez celui/celle qui l’a acquise: «Un collectionneur m’a dit qu’il avait accroché son oeuvre dans le corridor et que, de là, elle lui racontait une nouvelle histoire.»
Le parcours de Vivian Gottheim est on ne peut plus riche et flamboyant car son oeuvre est unique et singulière. L’artiste a obtenu la reconnaissance par de nombreuses bourses de recherche et de création et par des invitations de partout dans le monde – Brésil, Colombie, Canada, États-Unis, France, Italie – à participer à des expositions dans des musées, des galeries d’art, des Biennales et des Festivals. Ses oeuvres font partie de collections privées et publiques dont certaines ont été réalisées dans le cadre de la Politique d’intégration des arts à l’architecture et à l’environnement du Québec et sont exposées dans des écoles et des institutions gouvernementales.
Hiver 2023 : Découvrez les dessins de la série Marines (sept dessins sont joints à cet article). Ces dessins ont été réalisés par l’artiste à partir des photographies qu’elle a prises sur les rives du Saint-Laurent et sur les côtes californiennes. Ils rappellent les expériences de l’artiste qui, comme une archéologue, découpe le territoire que lui révèle l’agrandissement de ses photos. Au stylo, elle trace le parcours des éléments de la vie marine échoués sur la plage – algues, bois flottés, méduses, etc. – et donne ainsi naissance à des paysages lunaires, des forêts inconnues, des cartes au trésor, des lacs et même des animaux.