«Si vous êtes un artiste, vous savez que vous êtes différent. Enfant déjà, j’en étais conscient. Quand on se moquait de moi, j’étais blessé, mais je savais que je pouvais montrer aux gens des choses qu’ils n’arrivaient pas à voir d’eux-mêmes.» Robert Théberge-Trépanier, 1997
L’artiste Robert Théberge-Trépanier (RTT) naît le 29 mars 1948 à Gravelbourg (Saskatchewan), mais vit son adolescence à Ottawa (Ontario) où sa famille déménage au début des années 1960. RTT souffre de schizophrénie et reconnaît avoir eu une enfance difficile au point qu’il quitte l’école tôt, se met à voyager et exerce mille et un métiers. Il dessine dès son plus jeune âge mais y trouve peu d’intérêt ; ce n’est que dans la vingtaine, après avoir reçu un livre d’art en cadeau, qu’il développe sa passion pour la peinture. Il s’inscrit à des études en arts à l’Université d’Ottawa. Il y reste peu de temps et préfère emprunter la voie de l’autodidactisme. Plus tard, il étudiera la peinture et la sculpture, un an, au Centre d’art municipal d’Ottawa.
Le langage plastique de RTT est celui de l’art naïf dont les principales caractéristiques traversent son œuvre : dessin enfantin (parfum d’innocence), absence de perspective, aucune anatomie savante, souci des détails, couleurs pures, hors des règles du temps et de l’espace, figuratif, illustration d’histoires et de récits de vie souvent complexes. Son style, il le trouve au début des années 1970 et puise ses sujets d’inspiration dans son enfance et sa vie dans les quartiers populaires d’Ottawa, là où vivent les Canadiens-français. Son talent est reconnu par le milieu puisqu’il reçoit, en 1975, une bourse du Conseil des arts du Canada et une autre du Conseil des arts de l’Ontario. Plus tard, fin 1970, il enseigne la peinture aux étudiants des cours offerts le soir à l’école secondaire De La Salle à Ottawa.
Mon monde, Robert Théberge-Trépanier, 1989
Au fil de sa carrière, le style de RTT évolue et s’installe progressivement une peinture vibrante et plus colorée, faite de multiples petites touches de peinture appliquée en couches très épaisses, avec des thèmes touchant les lieux et les gens de son entourage, ainsi que des êtres intemporels. Aussi, le format de ses peintures change, passant de très grands formats à de très petits.
La notoriété de Robert Théberge-Trépanier est importante dans les années 1970 ce qui lui ouvre les portes pour des expositions dans de nombreuses galeries. Il expose pour la première fois , en 1971, à la Galerie Bienvenue à la Place Bonaventure, à Montréal. Suivront une quinzaine d’expositions individuelles et de groupe à Ottawa, notamment au Centre national des arts, et dans plusieurs villes canadiennes dont Toronto, Halifax et Winnipeg.
Bonne fête RTh, Robert Théberge-Trépanier, 2001
Les musées aussi s’intéressent à son travail. En 1975, le Musée des beaux-arts du Canada lui achète la peinture Ma vision tentaculaire d’Ottawa (1974). La même année, la Banque d’art du Conseil des arts du Canada achète Anglesea (1975). En 2005, le Musée canadien de l’histoire acquiert cinq (5) de ses tableaux. Ses œuvres se retrouvent dans de nombreuses collections privées au Québec et au Canada.
Robert Théberge-Trépanier (RTT) s’installe en 1976 à Messines, en Outaouais, sur les bords du lac Blue Sea. C’est là que se déroule sa vie active de peintre comme en témoignent ses nombreux tableaux de l’endroit, où la nature et les personnages se déploient avec force et originalité. Il cesse de peindre en 2004 pour des raisons de santé et meurt à Hull, le 17 août 2009 à l’âge de 61 ans.
Go Art remercie le neveu de RTT, Léo Gagnon, qui nous a signalé le travail de son oncle, un artiste tombé dans l’oubli malgré son talent et son impressionnante production. Grâce à Léo et à sa famille, plusieurs actions seront mises en oeuvre en 2023 et 2024 – expositions et publications- pour permettre au public de découvrir R.T.T et ses oeuvres, et de lui rendre un hommage posthume. Go Art prépare une exposition exclusive pour ses membres et amis.es, en 2023.
