Un mot sur l’artiste : Michel Saulnier compte 40 années de pratique comme graveur et sculpteur au cours desquelles il a produit plus d’une trentaine d’oeuvres d’art public dispersées dans plusieurs villes du Québec : Montréal, Sherbrooke, Baie Saint-Paul, Bonaventure, Rivière-du-Loup, Québec,etc. Signes distinctifs de ses sculptures ? Monumentales, ludiques, composées d’animaux tout droit sortis du bois. Par la magie du sculpteur, ces bêtes, pour la plupart des ours, viennent s’installer dans notre environnement urbain et nous enchantent par leur candeur.
Michel Saulnier vit et travaille à Saint-Jean-Port-Joli, son port d’attache depuis une trentaine d’années. C’est dans cette ville qu’est née la sculpture sur bois en taille directe, une pratique unique dont on a souligné le centième anniversaire en 2023, un art initié par les frères Bourgault, Médard, Jean-Julien et André. Est-ce le hasard qui a entraîné Michel Saulnier à pratiquer la sculpture dans une région réputée pour ce savoir-faire ?
Diplômé en histoire de l’art de l’Université de Montréal en 1987, Michel Saulnier a rapidement embrassé une carrière en arts visuels – peinture, gravure, sculpture – tout en poursuivant l’enseignement au Cégep de La Pocatière et en s’impliquant en médiation culturelle auprès des publics scolaires. Dans un entretien diffusé sur le site Le Vivoir, l’artiste précise: «Entre le baccalauréat et la maîtrise, j’ai commencé à peindre. Rapidement, la pratique a pris le dessus sur la théorie mais j’ai toujours conservé des traces de ce passé d’historien (…) Mes oeuvres s’inscrivent en filiation à l’enfance, à l’histoire de l’art et de la sculpture. J’aime présenter plusieurs niveaux de lecture et de sens, situer le réel dans l’espace poétique pour laisser entrevoir d’autres mondes possibles».
Les premières oeuvres sculpturales de Michel Saulnier datent de 1984, alors qu’il présente un premier ours sculpté au Symposium de Baie Saint-Paul. Depuis, il navigue entre le travail en atelier et l’art public, deux approches de la sculpture qui lui permettent d’explorer des contrastes d’échelle, une variété de matériaux et des effets de sens.
Les références animales sont omniprésentes dans son oeuvre, des ours pour la plupart mais aussi des lapins, des lièvres, des corvidés, corneilles et corbeaux. En témoignent plusieurs expositions aux titres éloquents: Les ours, en 2000; Devenir ours, en 2008; L’ours, l’oiseau, l’enfant, la tortue bleue, en 2010; J’ai vu le loup, le renard, le lièvre, en 2011; Face à l’ours, en 2020, et sa plus récente exposition présentée en mars 2023 au centre d’exposition Materia à Québec, Lapins, ours et corneilles.
Un coeur habité (réplique, édition 1/45), Michel Saulnier, 2023 (Photo: Céline Marchand)
Le choix de privilégier la figure de l’ours dans ses sculptures autant que dans ses dessins et ses collages, permet à Michel Saulnier de tenir différents propos sur l’art et sur l’émotion. Les figures animales ne sont-elles pas des métaphores de la vie en société, tributaires des cultures et des époques qui les mettent en scène ? Au Québec, par exemple, la figure de l’ours combine à la fois le merveilleux des contes enfantins et le réconfort de la peluche que chacun.e aime cajoler. L’ours monumental de 13 mètres que Michel Saulnier a créé pour l’hôpital Sainte-Justine (Je suis là) jouit d’une puissance ludique qui apaise les enfants et les protège en les invitant à naviguer dans leur propre imaginaire.
Je suis là, Michel Saulnier, 2014. Coll. CUSM
Michel Saulnier partage son savoir avec les artistes de la région du Bas- Saint-Laurent et il a agi comme un véritable acteur pour la promotion des arts et de la culture. Il a notamment participé à la création de la résidence d’artistes Est-Nord-Est, à Saint-Jean-Port-Joli. Il anime des ateliers au primaire dans le cadre du programme Culture à l’école et, depuis mai 2023, il dirige les destinées d’un tout nouveau centre d’exposition, La Chapelle des processions.
