Louise Gadbois, née Landry, est une artiste peintre québécoise qui a su marquer la transition entre tradition et modernité. Réputée pour ses peintures de portraits, elle va au-delà de la représentation de ses modèles en créant des ambiances psychologiques qui révèlent une grande intériorité.
Au Québec, dans les années 1940-1950, alors que le marché de l’art est favorable aux artistes masculins et à l’abstraction vs la figuration, l’oeuvre de Louise Gadbois se trouve mise à l’écart du système commercial. Pourtant, rien ne l’empêche de poursuivre sa recherche picturale; son audace, sa liberté d’esprit et sa joie de créer l’emportent sur son évincement du milieu. Aujourd’hui, on dit de sa peinture qu’elle est solaire et que ses portraits révèlent un concentré d’énergie et de fragilité.
Qui est Louise Gadbois ? Voici une femme qui a transgressé les règles de son époque en choisissant de peindre de façon professionnelle, malgré la réprobation de son milieu et l’isolement. Son parcours n’est pas banal. Issue d’une famille bourgeoise qui apprécie les arts et la culture, Louise Gadbois fait savoir, tôt, son intention de peindre et d’en faire son métier. Dans les années 1930, après avoir rempli son rôle d’épouse et de mère (elle a six enfants), elle se joint à un groupe d’artistes qui remettent en question le conservatisme de l’époque et proposent de promouvoir » l’art vivant axé sur la peinture contemporaine « . Elle participe alors à la fondation de la Société d’art contemporain (SAC), un outil pour les artistes qui souhaitent exposer leurs oeuvres et se faire connaître. De 1939 à 1948, la SAC présente onze expositions et Louise Gadbois participe à dix d’entre elles. Élève de Edwin Holgate, reconnue par Borduas, adepte des artistes de l’école de Paris et captivée par Cézanne, elle définit son propre style dans les trois genres qu’elle aborde: le portrait, la nature morte et dans un moindre degré, le paysage. Rapidité d’exécution avec une grande maîtrise du geste, fluidité de la matière appliquée sans reprise, dépouillement des formes et des plans colorés, solidité des personnages et palette réduite à quelques tons.
La carrière artistique de Louise Gadbois connaît des hauts et des bas, des ruptures et des transitions. La plus importante rupture est sans doute la disparition de la Société d’art contemporain en 1948, mise à mal par les manifestes Prisme d’Yeux (février 1948) et Refus global (août 1948) qui appellent à transformer la société dans un affrontement idéologique entre les générations sur les questions sociales, politiques, et artistiques. La Société d’art contemporain et les artistes de la génération de Louise Gadbois sont alors mis au ban de l’art.
Quelques caractéristiques des portraits de Louise Gadbois. Les personnages: visages pointus, en clarté, en osmose avec le fond; expressions accentuées par l’asymétrie des yeux; portrait frontal, les mains posées à plat et disproportion des avant-bras; robes couleur rouille puis bleue en accord avec l’arrivée du blue-jeans; pose de trois-quarts, composition en diagonales formée par le triangle dossier, bras, table. Les objets, chaises, tables, vases de céramique, par leurs formes et leur disposition, ne servent qu’à nous mettre en appétit pour la contemplation esthétique.
En 1979, sous la direction de Louise Letocha, le Musée d’art contemporain de Montréal a consacré à l’artiste une exposition, Le Portrait dans la peinture, Louise Gadbois, 1936-1955, témoignant de sa quête de la modernité.
Comme beaucoup de femmes artistes de son époque, Louise Gadbois a travaillé dans l’ombre, nous souhaitons contribuer à raviver son oeuvre.